Création 2009 – En tournée
du 26 au 29 janvier 2011 au théâtre de Chaoué – Allonnes
du 2 au 6 mars 2011 au Théâtre du Lierre – Paris
www.letheatredulierre.com/

C’est une jeune fille qui est au centre de la pièce. Les figures féminines, la place des femmes et leurs relations sont un sujet majeur de cet épisode de l’histoire des Atrides.Le conflit d’Électre et de sa mère, le thème de la jeune fille et de la mort, l’amour du père (et du frère) sont des forces qui traversent cette œuvre et ont donné à ce mythe son intemporalité. Trois siècles après Eschyle, Électre nous fascine encore et reste un mystère qu’il faut percer…
Par le Théâtre de l’Enfumeraie
Mise en scène Pascal Larue
Adaptation Pascal Larue et Eleonora Rossi
Avec Pauline Barbotin, Élodie Boulard, Camille Behr, Odile Fredeval, Annie Hamelin, Virginie Picard et Sabine Balasse (violoncelliste)
L’adaptation
Au-delà du rôle de la vengeance dans la spirale infernale des Atrides, cette pièce nous parle de l’absence, de la mort et de la quête d’identité. Il est ainsi beaucoup question de comment grandir et se construire dans une h(H)istoire perturbée et violente. Il est question du rôle des femmes dans la famille et dans le monde. Il est aussi question de maladies mentales, de la folie auxquelles peuvent nous conduire certaines situations. Electre qui vomit chaque jour sa mère et son monde est certainement une anorexique. Elle en a les symptômes. Enfin le rapport trouble de l’adolescente avec l’amour et la mort traverse la pièce. Electre refuse tout amour et tout désir, hormis celui d’un père disparu et d’un frère attendu… Tuer cette mère qui a tué est le seul désir qui organise son temps et elle n’a aucun autre avenir.
Dans les différentes adaptations, les auteurs ont mis en lumière des aspects particuliers du mythe, ainsi chez Sophocle la vengeance reste le thème important, les complexes de l’inconscient dans le rapport Mère-Fille étant chez Hofmannsthal le centre de sa pièce. Chez Sarthe la dimension politique du conflit est sa préoccupation et pour Marguerite Yourcenar, la représentation sociale des femmes et du religieux (Déesse, Sainte, Vierge, Sorcière, Hystérique,…) est son sujet.
Nous nous efforcerons dans notre adaptation de ne privilégier aucun de ces éclairages car il nous semble que tous cela est juste et insuffisant. Il reste au-delà de toutes ces analyses un mystère, une « inexplication », celle qui ont conduit beaucoup de poètes sur les chemins de « La jeune fille et de la mort ». Je pense en particulier au magnifique poème de Rilke « La dame blanche » ou au roman de Valérie Valère « Le pavillon des enfants fous »… Toutes les possibles compréhensions seront énoncées sans épuiser d’autres possibles, cet indicible mystère…
Le chœur parfois absent ou évincé des versions contemporaines aura toute sa place, qui est celle de ne pas réduire la pièce à sa dimension psychologique et familiale mais de bien l’ouvrir à sa dimension historique et sociale, à la conscience que ce mythe n’appartient pas à une famille, qu’il est constitutif de la communauté humaine. Et comme il s’agit d’un Chœur de femmes, que ce mystère appartient à chacune d’elle. Elles en sont les gardiennes et les porteuses.
Notes d’intention
Cette pièce est pour nous d’abord une pièce de femmes et même si la figure d’Oreste le frère vient à la fin accomplir le crime, il n’est qu’un instrument. Ce qui se joue ici est au cœur du féminin et de ces relations à soi-même, aux siens et au monde. Nous ne chercherons pas à donner une temporalité ou une historicité à la pièce, nous chercherons à faire résonner ce fait d’être femme. Mais la féminité sera comme une métaphore exprimant le problème plus général de la contradiction entre pensée et action, entre esprit et corps et leur division ?
» Chez Électre, la personnalité a disparu pour se sauver. Elle est le père (celui-ci n’existe qu’en elle), elle est la mère (plus que celle-ci ne l’est elle-même), elle est toute la maisonnée – et elle ne se trouve pas. » Cette problématique du Moi perdu ou figé, incapable d’agir est peut-être l’expression des » contradictions paralysantes » que les êtres et les sociétés rencontres parfois devant des conflits effrayants et pour lesquelles ils ne trouvent aucune résolution.
Chez Hofmannsthal, les hommes brillent par leur terrible absence : le père mort, le frère évaporé et Égisthe transparent, pantin sans chair… »… Ils sont seulement l’objet du désir dans un huis clos de femmes.
Notre intérêt nouveau et personnel sur cette pièce se situera à cet endroit :
A quelle part d’enfance perdue, mais sans doute conservée au fond de nous, parle Electre ?